Alain Kan est né le 14 septembre 1944 à Paris. En fait, Kan est le nom de son beau-père : son père ayant mystérieusement disparu. Il vit avec sa mère, son beau-père et Véronique, la fille de son beau-père, qui plus tard deviendra la femme du chanteur Christophe. Alain monte pour la première fois sur une scène à l'âge de dix ans et il interprète la chanson de Gilbert Bécaud : Salut les copains. Quelques années passent, puis il prend des cours de chant chez Tosca Marmor. Cette célèbre pianiste et professeur de chant travaille la voix de nombreux artistes. Dalida, Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Marie Laforêt, Sacha Distel, Nino Ferrer et bien d'autres, sont déjà ou seront ses élèves. A cette époque c'est la variété qui tente Alain et au printemps 1963, il sort un premier 45 tours SP dont le titre Quand tu reviendras, a été composé par Danyel Gérard.
A dix-neuf ans, Alain est un jeune homme sage, réservé, presque timide, toujours bien coiffé et souriant. Il dit aimer Bach ainsi que les écrivains : Moravia, Françoise Sagan et Sartre. En février 1964, accompagné par l'orchestre de Jacques Danjean, il sort chez Decca un 45 tours EP. Comme le veut la mode, il s'agit de reprises de hits américains avec, notamment, deux succès de Paul Anka : Everyday qui devient en français Tu le sais, et Wrong side of love traduit par L'amour n'est pas de mon côté. Suivent deux autres 45 tours EP de la même veine mais sur une orchestration de Gérard Ponset. La voix de velours d'Alain aurait pu l'emmener au sommet du hit-parade mais un autre destin l'attend.
Après les événements de mai 1968, Jean-Marie Rivière ouvre à Paris, dans le quartier latin, un lieu qui va devenir mythique : "L'Alcazar". Jean-Marie fourmille d'idées neuves et sa conception du spectacle vient révolutionner le monde du cabaret et du music-hall. Dans ce théâtre de la nuit on y retrouve sous le nom d'Amédée Junior, un Alain Kan métamorphosé. Il devient l'une des têtes d'affiche, se produisant sur scène sous un maquillage flashant, coiffé d'un canotier et portant veston, collants à paillettes ou bas résilles. Le changement est saisissant. Alain devient audacieux, s'affirme, compose sa musique lui-même et écrit ses premiers textes. C'est l'annonce d'une longue mutation pour cet artiste hors du commun, auto-proclamé "dandy chiffon", qui atteindra les sommets de la démesure et produira une oeuvre musicale terriblement tourmentée et explosive.
(Recherchiste : Michel Bourdais)